Mariana Ramos, l’autre étoile du Cap-Vert

Mariana Ramos

La musique du Cap-Vert ne se résume pas à Cesaria Évora. L’archipel compte de nombreux artistes talentueux, dont Mariana Ramos qui sort un nouvel album.

Chanteuse solaire, sourire solaire, lumineuse, voix de velours, lionne prête à bondir… ce sont quelques-uns des qualificatifs utilisés pour décrire Mariana Ramos. Chanteuse française née à Dakar (Sénégal) de parents capverdiens, elle a été élevée au Cap-Vert par sa grand-mère jusqu’à l’âge de 7 ans. Elle rejoindra ensuite ses parents en France.

Baignée par la musique

Cette enfance passée dans le pays d’origine de sa famille, baignée par les rythmes de cette ancienne colonie portugaise, et un père musicien, ne pouvait que mener la jeune fille vers le milieu artistique. Le père de Mariana Ramos, Tony Ramos alias Tony de Bibia a été le guitariste de Voz de Cabo Verde (Voix du Cap-Vert). Ce groupe mythique, créé en 1966 à Rotterdam, a été dissous en 1970, suite au décès de deux de ses musiciens. Il a été recréé en 2003.

C’est tout naturellement que Mariana Ramos se lance dans la musique, en s’intéressant à des styles variés (dont le jazz), éloignés de ceux du Cap-Vert. Sa rencontre avec des chanteurs capverdiens, en particulier Teophile Chantre, la ramène vers son archipel.

Parcours discographique

Son premier album Di dor em or (métaphore : « de l’obscurité à la lumière ») sort en 2000 et elle donne de nombreux concerts. Le succès est au rendez-vous avec ses chansons influencées par le jazz, la musique brésilienne et africaine ainsi que les différents styles musicaux de son pays d’origine (morna, funana…).

« Après avoir enflammé des salles prestigieuses comme le New Morning et l’Alhambra à Paris, Mariana s’est forgé une solide réputation. Sa voix d’or et son répertoire mêlant traditions capverdiennes et arrangements modernes l’ont rapidement propulsée sur les traces de la grande Césaria Évora ». LE PARISIEN – G. PLOUMEZ

En 2004, le deuxième album Bibia sort et confirme le talent de Mariana Ramos. Les chansons sont inspirées par l’archipel de son enfance. Pourquoi ce titre ? Mariana s’explique :

« “Je dédie cet Album à ‘Bibia’, petit surnom que portaient mes grands-mères, femmes dévouées à leurs enfants et petits enfants… Mes souvenirs d’enfance me ramènent toujours à Monte Sossego, Quartier de l’île de São Vicente. Bibia, ma grand-mère maternelle, élevait une ribambelle de petits enfants confiés par ses filles, contraintes d’émigrer à la recherche d’un travail. Maria Antonia de BILUCA, femme de caractère, austère, généreuse, courageuse dirigeait son commerce et les tâches de la vie quotidienne en véritable Matriarche. Les bains, les coiffages, les repas (sans oublier l’assiette d’un hôte inopiné) rythmaient la vie dans la petite cour, de la maison où les cris, les rires et même les pleurs résonnent à jamais dans mon cœur.” » (Cap discovery)

Un nouvel album suit quatre ans plus tard. Mornador (Le faiseur de morna) est l’évolution logique des deux précédents CD. Toujours les rythmes capverdiens mâtinés de jazz et une innovation : la morna lente qui rappelle le blues. Mariana confirme donc son ouverture aux autres rythmes du monde et s’inscrit ainsi dans le mouvement de la World Music.

Mariana Ramos, Suavidança

Le CD Suavidança de Mariana Ramos.

En ce début d’année 2011, Mariana sort, après « seulement » 3 ans d’absence discographique, un nouveau CD intitulé Suavidança, avec des chansons superbes comme Lago di fogo, Discunfiado ou Mariana ! Les 12 titres sont de grande qualité, toujours desservis par une voix merveilleuse.


Entretien avec Mariana Ramos

Peux-tu nous parler brièvement du Cap-Vert et de sa musique ?

Le Cap-Vert est un archipel de 10 îles dont les habitants sont très métissés par la colonisation (portugaise) avec les esclaves et l’exil des expatriés d’Europe et des Amériques. On retrouve cette créolité dans la musique, la Morna qui est le rythme traditionnel du pays qui vient des lamentations des esclaves et des rythmes occidentaux. Chaque île a ses propres rythmes qui enrichissent notre patrimoine musical.

Tu prends plusieurs années pour sortir un nouvel album. Quelle en est la raison ?

Il y a eu 4 ans entre chaque album, sauf pour le dernier « Suavidança », 3 ans. Peut-être plus d’expérience et comme je me suis investie davantage, cela dépendait plus de moi que des auteurs-compositeurs et musiciens. J’aime bien prendre le temps de peaufiner chaque étape d’une discographie et de trouver les « bons partenaires »

Décris-nous ton nouveau CD Suavidança. Quel a été l’accueil du public lors de tes concerts ?

Ce nouvel album « Suavidança » est le mot valise de suavité et danse. Il se compose de 12 titres très enlevés. Des arrangements de cuivres et cordes apportent de la modernité à ces rythmes africains. Pour l’instant ce sont plus les professionnels qui l’écoutent et l’apprécient, car la sortie officielle est prévue le 21 février 2011.

Tu chantes principalement en créole du Cap-Vert. Pourquoi ce choix ?

Car c’est dans ma langue natale où je m’exprime le mieux, je trouve que le créole portugais s’adapte mieux à ces rythmes capverdiens et africains plus que le français, mais cela ne m’empêche pas de chanter aussi en anglais ou en français comme le titre « Si jamais » qui est l’adaptation d’une chanson populaire capverdienne « Nha cansera ca tem midida ».

Tu te rends régulièrement en Afrique. Ce continent revêt-il une importance particulière ?

J’adore l’Afrique, et je n’y vais pas chanter autant que je le voudrai. Je suis allé chanter surtout dans les pays lusophones et francophones. La musique capverdienne est appréciée à travers le monde et je compte bien, avec ce nouvel album, le présenter davantage à l’international.

Le nouvel album de Mariana Ramos devrait, sans aucun doute, rencontrer un grand succès.

Discographie

  • Di Dor Em Or (2000)
  • Bibia (2004)
  • Mornador (2008)
  • Suavidança (2011)
  • Quinta (2016)

 

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